Le paradoxe évangélique

De fait, ce n’est pas une provocation quelconque que de prétendre être « la jeunesse de Dieu et de la fidélité » dans un monde qui se targue de modernité et de progrès, et qui nargue Dieu et sa loi. Il faut une certaine audace pour relever ce défi, dans une société où le catholicisme est de plus en plus minoritaire, et dans une Église où la tradition est tolérée, reléguée sur les bas-côtés.

Ceux qui sont conditionnés par l’ambiance sociologique, ou tétanisés par le climat psychologique, ne relèveront pas ce défi. On leur dit que la Tradition est passée et dépassée ; ils le croient et se taisent.

En revanche ceux qui savent que ce défi est celui des Béatitudes dans le Sermon sur la montagne, depuis 2000 ans, n’attendront pas six mois pour se préparer à ce pèlerinage qui le leur rappelle avec enthousiasme :
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !img 3526
Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre !
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu !
Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
(Mt 5, 3-12)

Car depuis 2000 ans, le choix est clair : les Béatitudes de l’Évangile ou l’hébétude du monde. Et la conséquence pratique vient vite : se conformer au monde ou le transformer. Voulons-nous une Église conformiste, à l’image et à la ressemblance du monde moderne, une ONG écolo-humanitaire, ou une Église qui convertit, qui tourne les âmes vers Dieu et transforme la société ? Saint Paul nous a donné la réponse : « Nolite conformari huic sæculo, ne vous conformez pas au siècle présent. » (Rm 12, 2)

Notre conversion personnelle et quotidienne entraîne une transformation de la société en chrétienté, même modeste, à l’échelon familial et professionnel. Car le « cœur pur », la « pauvreté en esprit » et la « douceur », dont parlent les Béatitudes, combattent concrètement la chair, l’argent et l’orgueil, cette triple concupiscence dont saint Jean nous dit qu’elle caractérise l’esprit du monde. 

Ainsi que l’écrit l’abbé Benoît de Jorna dans la préface du dossier : « C’est de cela qu’il s’agit : d’un côté, la vieillesse du monde prétendument moderne ; de l’autre, la jeunesse éternelle de Dieu. Or, comme nous l’enseigne saint Jean : “Tout ce qui est dans le monde – la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux, et l’orgueil de la vie – ne vient point du Père, mais du monde. Le monde passe, et sa concupiscence aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.” (1 Jn 2, 16-17) Oui, la triple concupiscence du monde passe : celle de la chair se délite, celle des yeux se débilite, et l’orgueil de la vie meurt. En revanche, la jeunesse de la fidélité à Dieu demeure éternellement. »

La conversion personnelle, faite de fidélité persévérante aux Béatitudes, n’attend pas avec désinvolture six mois pour se réaliser pendant les trois seuls jours de marche entre Chartres et Paris. Elle s’opère au quotidien, ici et maintenant : « la charité du Christ la presse. » (cf. 2 Co 5, 14).

Cette vision profondément évangélique transforme notre regard sur le devoir d’état souvent ingrat et répétitif. Elle enthousiasme notre existence, en lui donnant sa vraie dimension surnaturelle, – et non pas cette vie unidimensionnelle, coupée du Ciel, basse de plafond, désespérément plate et littéralement insensée.
De fait, si nous ne savions pas d’où nous venons et où nous allons, notre vie serait une errance, un vagabondage. Nous serions des SDF spirituels, Sans Destin Fixe, sans idéal identifié. Mais parce que nous avons été créés par Dieu et pour Dieu, notre vie sur terre est un pèlerinage vers la Patrie.

La modernité croit qu’elle libère les hommes, en les affranchissant de toute contrainte, de tout repère. Ils ne sont plus destinés à rien d’extérieur et de supérieur : « ils vivent leur vie », comme ils disent, dans le bien ou dans le mal, dans le vrai ou dans le faux, peu importe ! Ils exercent leur liberté sans autre but que la satisfaction de leurs appétits. Ils vagabondent, ils errent.

Pèlerinage ou vagabondage, jeunesse de Dieu ou vieillesse du monde sans Dieu, tel est l’enjeu de cette marche qui ne s’effectue pas seulement en trois jours, sur les routes de la Beauce.

Voilà pourquoi ce dossier doctrinal et spirituel (à paraître prochainement) est plus qu’un recueil de textes qui n’auraient d’actualité qu’à la Pentecôte 2022, et seraient caducs dès le mardi 7 juin. C’est un guide qui nous indique l’itinéraire à suivre et les étapes à franchir jour après jour, dans notre pèlerinage bien au-delà de la place Vauban, à Paris.

À suivre…

Vidéo

Dossier spirituel

Nombre

Lettre d'information

Articles récents