La vocation de rebâtir une chrétienté

Pour répondre à ces interrogations essentielles, il faut s’interroger sur le sens du pèlerinage terrestre et sur la vocation d’une âme rachetée. Il faut se tourner vers les cimes et non vers l’abîme. Ce que fit le cardinal ­Pacelli, futur Pie XII, le 13 juillet 1937, sous les voûtes de Notre-Dame de Paris : « La génération présente rêve d’être une génération de défricheurs, de pionniers, pour la restauration d’un monde chancelant et désaxé ; elle se sent au cœur l’entrain, l’esprit d’initiative, le besoin irrésistible d’action, un certain amour de la lutte et du risque, une certaine ambition de conquête et de prosélytisme au service de quelque idéal. »

Et d’élargir son propos : « Les peuples, comme les individus, ont aussi leur vocation providentielle ; comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurément stériles, selon qu’ils sont dociles ou rebelles à leur vocation. […]

« C’est aux heures de crise, mes frères, que l’on peut juger le cœur et le caractère des hommes, des vaillants et des pusillanimes. C’est à ces heures qu’ils donnent leur mesure et qu’ils font voir s’ils sont à la hauteur de leur vocation, de leur mission.img 5595

« Nous sommes à une heure de crise. A la vue d’un monde qui tourne le dos à la croix, à la vraie croix du Dieu crucifié et rédempteur, d’un monde qui délaisse les sources d’eau vive pour la fange des citernes contaminées ; à la vue d’adversaires, dont la force et l’orgueilleux défi ne le cèdent en rien au Goliath de la Bible, les pusillanimes peuvent gémir d’avance sur leur inévitable défaite ; mais les vaillants, eux, saluent dans la lutte l’aurore de la victoire ; ils savent très bien leur faiblesse, mais ils savent aussi que le Dieu fort et puissant, Dominus fortis et potens, Dominus potens in prælio [le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant dans le combat] (Ps 23, 8) se fait un jeu de choisir précisément la faiblesse pour confondre la force de ses ennemis. Et le bras de Dieu n’est pas raccourci ! Ecce non est abbreviata manus Domini ut salvare nequeat [voici que la main du Seigneur ne s’est point raccourcie pour ne pas pouvoir sauver] (Is. 59, 1). »

On retrouve la même foi et la même espérance dans la préface du dossier du pèlerinage où l’abbé de Jorna écrit : « Des âmes chagrines, des esprits pusillanimes préféreront se plaindre et geindre sur le sort qui leur est réservé, au prétexte qu’elles ne veulent pas être dupes, parce qu’elles savent bien, elles, la méchanceté des temps présents et la malice des hommes qui nous gouvernent.

« Pauvre prétexte qui n’oublie qu’une chose : Dieu est tout-puissant et rien sur cette terre ne se fait sans sa permission. Aucune épreuve ne nous est imposée sans que sa grâce ne vienne nous aider à la porter vaillamment. Les pèlerins de la Pentecôte écarteront cette vision truquée qui ne présente qu’une réalité tronquée, amputée de sa dimension surnaturelle. »

La jeunesse de Dieu et de la fidélité ne renonce pas à la restauration de la cité catholique, cette société dont les institutions ne vont pas contre les préceptes de Dieu, cette cité dont la loi n’est pas contre la foi.

Familles et écoles, ateliers et bureaux, hôpitaux et tribunaux composent cette chrétienté temporelle qui nous dispose à obtenir la félicité éternelle. Elle est la cité terrestre qui nous prépare à la cité céleste. Il ne s’agit pas de l’inventer, mais de la restaurer. Il ne s’agit pas non plus de rétablir un simple statu quo ante, mais de restaurer le principe pérenne, de tout récapituler en Jésus-Christ qui est « le même hier, aujourd’hui et éternellement » (Hb 13, 8).

À suivre…

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