La justice et la miséricorde du Christ : étude sur deux béatitudes.

Cet article est issu du bulletin « La Couronne de Marie » , bulletin mensuel du prieuré de Mulhouse.

Dans le bulletin de février, nous avons vu que les béatitudes sont le résumé composé par Jésus-Christ lui-même de toute la doctrine chrétienne, et que nous avons l’occasion de les méditer et de les mettre en pratique en participant au pèlerinage cette année.

Puis, dans le bulletin suivant, nous nous sommes penchés sur les trois premières béatitudes, par lesquelles nous écartons les obstacles au bonheur éternel, dont Notre-Sauveur nous a montré l’exemple surtout par sa Passion et qu’il nous invite à imiter, surtout lorsque nous assistons à la Sainte Messe.
Les deux béatitudes suivantes expriment la perfection de la vie active : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés », « Bienheureux les miséricordieux, car il leur sera fait miséricorde ». En bref, la justice, c’est d’accomplir son devoir. La miséricorde, c’est de faire le bien gratuitement et par amour du prochain.
Pendant le temps de la Passion et celui de Pâques, méditons sur la justice et la miséricorde du Christ.

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La justice est la vertu morale par laquelle nous rendons à chacun son droit, ou son dû. Le droit est ce que nous devons au prochain en vertu d’une loi. Ce n’est pas seulement la faculté d’exiger quelque chose du prochain. Cette dernière expression du droit est celle du droit moderne. Elle explique la propension de nos contemporains à vouloir obtenir la justice en « revendiquant leurs droits » comme il
appert dans nombre de manifestations. En effet, la justice ne se trouve pas dans le sujet qui revendique un droit, mais dans celui qui rend à autrui ce qu’il lui doit. En outre, ce n’est pas par des paroles que l’homme peut rendre juste celui qui ne l’est pas, mais par des actes. Pour restaurer les droits, il faut donc que les hommes deviennent justes. Tout le problème est là. Comment a fait Jésus ?


Jésus a appliqué la méthode inverse de ceux qui invoquent leurs droits. Il a renoncé à revendiquer ses droits, et il a accepté de subir l’injustice des pécheurs, en accomplissant en tant qu’homme un acte de la plus haute justice envers Dieu : le sacrifice qui est un acte de religion. « Lui qui était de condition divine, n’a pas revendiqué son égalité avec Dieu, mais il s’anéanti lui-même, prenant condition d’esclave et se faisant semblable aux hommes. Offrant ainsi tous les dehors d’un homme, il s’abaissa lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix » (Phil. 2, 6-8). Ce faisant, il a accompli l’acte de justice par excellence, en rendant à Dieu le culte qu’aucun homme ne pouvait plus lui rendre depuis le péché du premier homme. Il a également mérité de Dieu la récompense, à savoir la conversion des pécheurs qui lui rendent gloire : « C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté, et lui a donné le Nom qui est audessus de tout nom. Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, aux cieux, sur terre, et aux enfers, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2, 9-11).


La justice n’explique toutefois pas totalement la volonté et l’action rédemptrice du Christ. Si, de fait, la création n’est pas due à la créature, la rédemption encore moins. La seule justice qui est due au pécheur, à cause de son péché, c’est sa condamnation.
C’est donc une volonté divine gratuite de réparer le mal qui explique vraiment le salut opéré par Jésus-
Christ. Or guérir et réparer le mal dans le prochain, c’est la définition de la miséricorde.

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La miséricorde est un effet de la vertu de charité, laquelle surpasse la justice. A n’en pas douter, c’est l’amour de Dieu et des âmes présent dans l’âme du Christ qui lui a fait vouloir la rédemption. Par conséquent, il est juste que le Christ, qui veut que nous méritions notre salut, nous invite à la miséricorde. De toute évidence, renoncer à ses droits et s’abaisser à mourir sur la croix est un choix libre et gratuit du Verbe incarné. Comment alors le pécheur, surtout le chrétien, déjà lavé par le baptême mais qui retombe dans le péché, peut-il espérer être bénéficiaire du pardon et du salut s’il n’est lui-même miséricordieux ?


« Bienheureux les miséricordieux, car il leur sera fait miséricorde ». La 5e demande du Notre Père est encore plus claire : « Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».


Lorsque nous marchons en pèlerinage, nous ne manifestons pas, mais nous accomplissons un acte de religion et donc un acte de justice. L’archéologie chrétienne en témoigne, dès les premiers siècles de l’histoire de l’Église, les chrétiens ont fait des pèlerinages pour honorer leurs martyrs. Nous aussi, pèlerins du 21e siècle, nous marchons vers un but religieux, vers un lieu où nous voulons honorer spécialement Dieu : le tombeau du Christ ou de St Jacques, le Mont Sainte-Odile, etc.

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A la Pentecôte, veillons d’abord à honorer Notre-Dame à Chartres, avant de nous rapprocher, par son intercession, du Sacré-Coeur, pour lui demander, confiants, pour nous la grâce de vivre selon les béatitudes et pour notre prochain de tout restaurer dans le Christ.

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